Point de vue

Les métiers de l’artisanat ont-ils de l’avenir ?

Les métiers de l’artisanat ont-ils de l’avenir ?

Pourquoi la coiffure ne disparaitra pas

J’entends souvent que le métier de coiffeur a une mauvaise image comme beaucoup de métiers de l’artisanat.

Quels parents ne s’affolent pas quand le/la conseiller (ère) d’orientation propose une filière professionnelle à leur enfant ?

Je souhaite rappeler que l’artisanat c’est avant tout 1 million d’entreprises pour 3 millions d’actifs, aussi bien dans l’alimentation, le bâtiment, la production ou les services soit plus de 510 activités différentes.
C’est tout simplement la première entreprise de France avec 1 artisan pour 10 actifs et c’est surtout 100 000 embauches par an avec 300 000 départs à la retraite dans les 10 ans…

Les métiers de l’artisanat semblent donc promis à un bel avenir…

Si on regarde de plus près la l’activité coiffure, celle-ci représente à elle seule 7% des entreprises artisanales avec un peu plus de 5% des actifs.

La coiffure est le deuxième secteur après le bâtiment, ce qui constitue un acteur majeur du paysage économique français.

Elle possède une renommée mondiale, comme nous le rappellent les grands coiffeurs comme Antoine, Alexandre de Paris ou Jacques Dessange, mais c’est avant tout un groupe d’hommes et de femmes qui sont dépositaires de nombreux savoir-faire qui se transmettent essentiellement par le biais de l’apprentissage.

Ne dit-on pas qu’il faut plusieurs années d’exercices avant de savoir faire une bonne coupe ? Et quelle machine pourrait remplacer le coup de ciseaux d’un artisan coiffeur ? A ma connaissance aucune… ce métier ne souffrira donc jamais de la délocalisation ! Et quel plus beau métier que de vouloir embellir les femmes ?

La mauvaise image pour ces filières entraine des difficultés pour trouver chaque année de nouveaux élèves. L’explication, inculquée dès notre prime enfance, tient en partie à l’élitisme de notre système scolaire avec notre culture des disciplines « reines » qui est un poids, pour les élèves « soi-disant » peu performants.

Mais j’ai pu constater récemment en lisant un article une nouvelle tendance : l’apparition des néo-manuels. Celui-ci montre qu’un nombre non négligeable de jeunes cadres choisissent de repartir à zéro et de travailler avec leurs mains.

En effet, pour que le travail ait du sens, il doit tout d’abord procurer de la satisfaction à la personne qui l’effectue et correspondre à ses intérêts. Qu’est ce qui peut pousser de plus en plus d’actifs à s’orienter vers des métiers manuels, considérés il y a peu de temps encore comme des métiers ingrats ?

Ces jeunes cadres dynamiques souhaitent avant tout troquer le flou pour le réel, passer de métiers abstraits déconnectés de la réalité et du client à des choses plus concrètes : se sentir utile, pouvoir maitriser les étapes et surtout de constater le résultat final…

Finalement la situation actuelle et la difficulté pour beaucoup de jeunes de trouver leur voie, soulève des questions existentielles : qui suis-je ? A quoi je sers ? Quelle est ma place ?

Alors oui les métiers de l’artisanat ont de l’avenir et la plupart des filières offrent de très belles opportunités d’emploi. Les artisans sont avant tout des gens passionnés et animés par un véritable esprit d’initiative avec une recherche constante de la qualité.

Enfin, produire de ses mains en misant constamment sur son professionnalisme et développer une culture client est à mes yeux un formidable moteur de satisfaction qui peut donner du sens à la vie.

Benjamin Salles
Sources :
1 : Site : chambre des métiers et de l’artisanat
2 : 25,8 millions d’actifs en France en 2014
3 : Sciences Humaines Juillet 2013 n°250 : Les Français rétifs au bonheur ?
4 : Elle Novembre 2014 n°3595 : Les néo-manuels